France : mariage définitivement avorté entre Auchan et Carrefour ?
Les géants français de la grande distribution engagés dans des discussions depuis plusieurs mois échouent à se rapprocher. Mais les choses pourraient ne pas en rester là.
Ce qui se susurrait depuis le milieu de la semaine écoulée est désormais confirmé. Il n’y aura pas d’alliance entre Auchan et Carrefour, du moins dans l’immédiat, selon des sources proches du dossier interrogées lundi 11 octobre par les agences AFP et Reuters. En cause, une affaire aux contours trop complexes en termes de valorisation qui aurait amené Carrefour à rompre les discussions, à en croire les mêmes sources.
Les pourparlers de ces derniers mois, confirmés par le patron de Carrefour, Alexandre Bompard, incluaient plusieurs scénarios, dont le rachat de cette enseigne par Auchan. L’offre ultime de la firme appartenant à l’Association familiale Mulliez (AFM) était de 21,50 euros par action d’une valeur de 16,8 milliards d’euros, dont 70% payable en espèces, selon Reuters. Soit 30% de plus que le cours de l’action de Carrefour la semaine dernière. Cette proposition est également supérieure aux 16,2 milliards d’euros formulés par le Canadien Coute-Tard en début d’année pour Carrefour, suscitant l’opposition de l’État français sur fond de préservation de la souveraineté alimentaire.
Qu’est-ce qui bloque ?
Reste que les discussions continuent d’achopper. Même si les principaux intéressés gardent le silence sur les raisons de cet échec, quelques tentatives d’explication commencent par émerger dans la presse française. Ainsi, le quotidien économique Les Échos croit savoir que c’est la difficulté de Carrefour à estimer la valeur réelle d’Auchan qui a fait capoter un deal décrit comme très avancé par la propriété de l’AMF auprès de l’AFP. Même son de cloche chez Le Monde, qui ajoute que la propension de la famille Mulliez à attribuer à leur joyau au moins la même valeur que Carrefour a suscité l’ire d’Alexandre Bompard.
Suffirait-il donc de trouver la bonne estimation pour rapprocher les positions de part et d’autre ? Rien n’est moins sûr, d’autant qu’aucune des deux parties n’entend se laisser faire. Le président de l’AMF indiquait en début de mois par exemple que son groupe ne serait jamais cédé à qui que ce soit. Et pourtant, la tendance dans le secteur ultraconcurrentiel de la grande distribution est à l’union des forces. Et Carrefour largué par E.Leclerc sur le marché français en est conscient. D’où ses multiples tentatives dans ce sens ces derniers mois avec divers acteurs.
Auchan également en déclin aurait tout intérêt à un tel mariage. À condition de le vouloir.