Trump dynamite la crypto avec ses « meme coins »
Le nouveau président américain et son épouse promeuvent des cryptomonnaies à leur effigie, quitte à entamer la crédibilité de l’industrie des actifs numériques en mal de reconnaissance.
« Il est temps de célébrer tout ce que nous représentons : la victoire ! Rejoignez ma communauté Trump très spéciale. Obtenez votre “Trump coin” maintenant ». À la veille de son entrée en fonction comme 47e président des États-Unis, Donald Trump lançait ainsi, vendredi 17 janvier 2025, une cryptomonnaies même.
Encore appelées « meme coins » ou « meme tokoens » (en anglais), il s’agit de jetons numériques sans utilité pratique ou technologique intrinsèque, contrairement au Bitcoin par exemple – la plus célèbre des actifs virtuels – créé avec des objectifs techniques précis (moyen de paiement décentralisé, plateforme de contrats intelligents, etc.).
Après avoir connu une envolée spectaculaire, atteignant 15 milliards de dollars deux jours après son dévoilement, l’actif baptisé $TRUMP et dont la valeur dépend entre autres de la popularité de la personnalité dont ils s’inspirent, a dégringolé sous l’effet d’un meme token concurrent : celui de l’épouse du président en l’occurrence.
Oui, Melania Trump s’est elle aussi embarquée dans l’aventure en promouvant au cours du même week-end précédant la prestation de serment de son époux, $MELANIA.
Un projet qui défie l’éthique
De quoi susciter la stupéfaction au sein de l’industrie des cryptomonnaies, qui auraient d’ailleurs d’après des témoignages recueillis par le Wall Street Journal (WSJ) cru à un canular. Tant le timing et la structure de ces lancements défient toute logique.
Plus troublant, le WSJ indique que 80% de l’offre de $TRUMP est contrôlée par Fight Fight Fight et CIC Digital, une filiale de la Trump Organization, le groupe du milliardaire désormais installé à la Maison Blanche.
Par ailleurs, les conditions d’utilisation interdiraient, toujours selon le quotidien américain, aux investisseurs de participer à des recours collectifs contre le projet, soulevant des questions sur la protection des acheteurs.
Un coup de poignard pour la communauté
Le choc a été d’autant plus rude que même les partisans les plus fidèles de Donald Trump n’ont pas été prévenus. Les dirigeants du secteur de la cryptomonnaie réunis vendredi soir au gala des investisseurs en cryptomonnaies dénommé « Crypto Ball » aurait ainsi découvert la nouvelle en consultant leurs téléphones.
De fait, la colère fuse dans le rang des acteurs des monnaies virtuelles. Ryan Selkis, ex-PDG de la société de recherche Messari et partisan du président, a publiquement appelé au licenciement du conseiller ayant recommandé le lancement du second token.
« Ils ne savent pas ce qu’ils font », a-t-il notamment écrit sur X. Pour beaucoup, l’initiative du couple présidentiel contribue à saper les efforts d’un secteur en quête de légitimité face à une régulation de plus en plus drastique. Un besoin que le chef de l’État a d’ailleurs promis de satisfaire durant la campagne.
« Les gens vont croire que les meme coins sont le fondement de l’industrie crypto. Ce n’est pas le cas. Il existe de vraies applications qui apportent de la valeur », argue le milliardaire et entrepreneur crypto Mark Cuban, cité par le Wall Street Journal.
