France : le monde des casinos en alerte
Les établissements de jeux d’argent craignent des moments difficiles avec le projet d’autorisation de casinos en ligne initié par l’État.
En France, le secteur des jeux pourrait être transformé dans les mois à venir. Et peut-être pas forcément de façon positive. C’est en tout cas la crainte nourrie par les acteurs du casino avec l’ouverture potentielle de l’industrie au fonctionnement numérique.
Le gouvernement envisage en effet d’autoriser pour la première fois en France, dans le cadre du budget 2025, les casinos en ligne. De quoi rompre avec cette exception française – et chypriote – au sein de l’Union européenne (UE). La raison ? Couper l’herbe sous le pied de certains opérateurs.
Avec l’interdiction des casinos en ligne, ces derniers font prospérer ce marché en toute illégalité, générant entre 748 millions et 1,5 milliard d’euros selon par l’enquête commandée à cet effet par l’Autorité nationale des jeux à la fin de l’année écoulée.
D’où l’ambition des autorités de « contrôler cette offre de jeux qui ne cesse de croître », et de « préserver la santé des consommateurs ». Plus globalement, l’État entrevoit à travers cette mesure, une manne fiscale estimée à un milliard d’euros, selon une source citée par l’AFP.
Un coup de poker ?
Dans un contexte budgétaire tendu, la promesse d’une telle rentrée d’argent a de quoi séduire l’argentier national. D’où l’amendement déposé à l’Assemblée nationale à ce sujet le week-end dernier. Sauf que les casinos physiques ne l’entendent pas de cette oreille.
« C’est un choix totalement irréfléchi« , tonne Grégory Rabuel, président de Casinos de France et directeur général du groupe Barrière, dans un entretien publié lundi 21 octobre par le journal Les Échos. Il dénonce un projet préjudiciable à son secteur.
Soit une baisse de 20 à 30% du chiffre d’affaires des casinos physiques, la disparition d’un tiers des établissements et la suppression de 15 000 emplois. À l’en croire, les petites villes dont Bourboule, Châtel-Guyon et Villard-de-Lans dépendant des contributions des casinos, pourraient voir s’évaporer une source cruciale de revenus.
Une révolution inévitable ?
« Cela représentera 450 millions d’euros de pertes par an pour l’État et les collectivités. Les grandes villes pourront s’en relever, mais ce ne sera pas forcément le cas des petites communes », fait remarquer Grégory Rabuel.
Il pointe également le défi que devrait poser sur sa branche, cette nouvelle donne en termes d’investissements publicitaires ou marketings. Cela va « signer notre arrêt de mort », s’alarme le patron de Barrière. De quoi laisser l’État face à une grande responsabilité.
Cette légalisation souhaitée ressemble en effet à un pari à pile ou face : d’un côté, la promesse de revenus substantiels et d’un marché enfin régulé ; de l’autre, le spectre de la désertification des territoires et de ses corollaires. La France peut-elle se permettre de continuer d’ignorer la révolution des casinos en ligne ?