La nouvelle donne des successions aux États-Unis

De plus en plus d’héritiers sans lien direct avec les propriétaires des patrimoines émergent outre-Atlantique avec la multiplication des personnes sans succession.

Imaginez devenir du jour au lendemain l’auteur du riche héritage d’untel après sa mort alors que vous vous connaissiez à peine. Ce n’est pas un conte de fées, mais bien une réalité de plus en plus notée aux États-Unis, à en croire un reportage récemment consacré à la question par le Wall Street Journal (WSJ).

Le journal américain évoque des situations pour le moins surprenantes où des associations caritatives, des parents éloignés, voire des animaux de compagnie, se retrouvent parfois à la tête de patrimoines conséquents.

C’est le cas de Kelley Gilpin McKeig, consultante en santé de 64 ans de la ville Ridgefield à Washington, qui a été informé un an et demi après le décès de son cousin Nick Caldwell que ce dernier lui avait légué 2 300 dollars sur un compte épargne.

« Je pensais que c’était une arnaque », confie-t-elle au WSJ, ajoutant que « personne d’autre dans notre famille n’avait entendu parler de son décès ». Mieux, les deux cousins n’avaient plus été en contact depuis 20 ans.

Des « héritiers rieurs »

« Tout ce qu’ils font, c’est récupérer l’argent et dire : ‘Ah ha ha, regardez ça’ », indique Michael Ettinger, avocat spécialisé en droit successoral à New York, interrogé par le quotidien américain.

Ce sentiment de satisfaction éprouvé par ces héritiers inattendus explique le nom donné à ce phénomène de plus en plus répandu aux États-Unis : les « héritiers rieurs ». Cette tendance est accentuée par le choix de ne pas avoir de progéniture, alors que 20% des Américains de plus de 50 ans n’ont pas d’enfants selon une étude de Pew Research révélée en juillet dernier.

Elle soulève des questions cruciales sur la façon dont ces personnes sans descendance envisagent la transmission de leur patrimoine.

Une enquête réalisée en janvier 2023 par deux professeurs de droit de Yale auprès de 9000 adultes américains indique à cet effet que les personnes sans enfants ont tendance à vouloir léguer une part plus importante de leur patrimoine à des œuvres caritatives, à des amis ou à la famille éloignée.

Des motivations variées

Rebecca Fornwalt, écrivaine de 33 ans, a par exemple créé un trust après l’obtention d’un contrat d’édition, désignant comme héritiers de secours sa sœur et une demi-douzaine d’amis proches, tout en prévoyant pas moins de 15 000 dollars pour chacun de ses deux chiens.

Susan Lassiter-Lyons, coach financière en Arizona, rapporte toujours au WSJ, le cas d’une cliente qui a décidé de léguer sa maison à un ami de longue date, par culpabilité de lui avoir brisé le cœur des années auparavant.

Ces choix participent d’une volonté de laisser une trace, de perpétuer des valeurs ou simplement d’exprimer sa reconnaissance envers ceux qui ont compté dans sa vie, en l’absence d’héritiers directs.

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