TotalEnergies bientôt entièrement côté à Wall Street ?
TotalEnergies étudie la possibilité d’une cotation principale à la Bourse de New York, jugée plus favorable aux investissements dans les hydrocarbures. Cette hypothèse a été évoquée vendredi dernier par son PDG Patrick Pouyanné. Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a assuré qu’il se battra pour que le géant pétrolier et gazier français reste au Cac40 à Paris.
Dans une interview à Bloomberg, le vendredi 26 avril, le PDG de TotalEnergies Patrick Pouyanné a laissé entendre que son groupe étudiait sérieusement la possibilité de déplacer sa cotation principale vers la Bourse de New York, jugée plus favorable aux investissements dans les énergies fossiles.
TotalEnergies déjà quelques titres à New York
Actuellement, la cotation principale de TotalEnergies se trouve à la Bourse de Paris. Le géant pétrolier et gazier français représente la deuxième capitalisation du CAC 40 derrière LVMH, avec plus de 162 milliards d’euros. Il possède quelques titres à Londres (LSE) et à New York (NYSE), mais de manière secondaire. Sur la place américaine en particulier, la compagnie détient une ADR (american deposit receipt). Ce certificat de dépôt permet aux investisseurs américains de se positionner sur des groupes étrangers. Il ne s’agit donc pas d’une vraie cotation.
L’actionnariat américain monte en force
Selon Patrick Pouyanné, le potentiel déplacement de la cotation de TotalEnergies à Wall Street est avant tout « une question d’affaires ». Et dans le milieu, il faut se rapprocher de sa base actionnariale. Or, l’actionnariat nord-américain monte en puissance, passant de 33% à 48% entre 2012 et 2023. Dans la même période, celui de l’Europe (hors Royaume-Uni) reculait de 45% à 34%. Il parait donc logique de placer la plupart de ses titres à New York.
Les Américains moins regardant sur les objectifs climatiques
Patrick Pouyanné a pointé la prudence des investisseurs européens vis-à-vis de la stratégie défendue par sa compagnie. TotalEnergies continue d’investir dans les énergies fossiles pour financer sa transition vers les énergies bas carbone. Cette politique passe mal en Europe, où l’opinion reste très alerte sur la question du réchauffement climatique. Par prudence, les actionnaires européennes préfèrent vendre ou maintenir leur participation, pendant que les Américains achètent.
Bruno Le Maire veut se battre pour maintenir TotalEnergies à Paris
Par ailleurs, les investissements liés aux hydrocarbures, notamment dans le gaz de schiste, ne font qu’augmenter Outre-Atlantique. Cette tendance améliore parallèlement la côte des sociétés pétrolières dans cette région. Si Patrick Pouyanné lorgne désormais sur la bourse de New York, il précise toutefois que le siège social de TotalEnergies restera à Paris. Ce qui ne rassure pas pour autant Bruno Le Maire. Le ministre de l’Economie et des Finances a d’ores et déjà indiqué qu’il se battra pour que la cotation du groupe reste dans la capitale française. « Nous avons besoin de Total », a-t-il dit.
Un effet d’annonce plus qu’une réelle volonté ?
Pour faire reculer TotalEnergies, Bruno Le Maire devra peut-être oublier son idée d’instaurer une taxe rétroactive sur les rachats d’actions dès cette année. C’est une décision qui ne convient pas à l’énergéticien, devenu l’un des principaux adeptes des rachats d’actions. Notons que l’annonce d’une cotation à Wall Street est intervenue trois jours avant l’audition de Patrick Pouyanné par la commission d’enquête sénatoriale sur le respect des obligations climatiques. Il pourrait donc s’agir d’une surenchère.