Kenya : offensive fiscale de l’État pour de nouvelles recettes

Le gouvernement kenyan a décidé d’augmenter son assiette fiscale dans le but de se sortir de l’endettement croissant qui étreint le pays. Une gageure dans un contexte socioéconomique difficile et peu favorable pour les populations.

Au Kenya, il est l’heure de passer à la caisse. Depuis bientôt deux mois, plus d’un millier d’agents sillonnent les commerces du pays pour des collectes d’impôts. Des magasins de vente de vêtements, aux boutiques d’épices, de céréales ou encore les maroquineries, aucun secteur d’activité économique n’est négligé par ces représentants du fisc dont la formation combine avec celle réservée aux militaires, selon l’État.

Et pour cause, la manœuvre entreprise par le gouvernement du nouveau président, William Ruto, s’avère particulièrement délicate vu le contexte. La conjoncture économique est en effet des plus précaires, avec une monnaie locale – le shilling – en constante dépréciation (près de 20% de chute cette année).

À cela s’ajoute une inflation en hausse, notamment en ce qui concerne le secteur alimentaire ; la hausse des taux d’intérêt nationaux ainsi qu’un coût galopant de la vie. De quoi réduire le panier de la ménagère et laisser une population déjà bien fragilisée par les conséquences de la crise du Covid dans une situation on ne peut plus compliquée.

Grogne grandissante

Les commerçants laissent ainsi éclater leur frustration face aux collecteurs de taxes, contraints de procéder par pédagogie afin de convaincre les concernés du bien-fondé d’une telle initiative. C’est que le Kenya comme plusieurs de ses pairs en Afrique dominés par une économie informelle, souffre d’une assiette fiscale peu conséquente.

En témoignent les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estimant le ratio moyen impôts/PIB du continent à 15,6 % en 2021, contre 19,8 % en Asie-Pacifique, 21,7 % en Amérique latine et dans les Caraïbes, et 34,1 % au sein de l’organisation.

Corde raide

Cette situation a ainsi conduit les gouvernements de nombreux autres pays africains tels que l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Ghana, la Zambie ou encore l’Éthiopie à s’engager ces derniers mois dans une course de recouvrement des impôts afin notamment de desserrer l’étau de la dette de plus en plus lourd.

Le Kenya exposé à un risque élevé de surendettement (la dette s’élevait à 64,4 % du PIB en juin 2023) et sous perfusion continue du FMI, n’échappe pas à cette réalité. Au risque de s’engager dans le cercle vicieux du remboursement de la dette par la dette.

Reste que le président Ruto marche sur une corde raide vis-à-vis des populations dont l’exaspération pourrait devenir difficile à contenir.

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