WeWork : La revolution du coworking par un modèle économique contesté
WeWork est devenu aujourd’hui un acteur incontournable dans la location d’espaces et de services de coworking. Officiellement rebaptisé the We Company en janvier, le groupe gère désormais 485 sites dans 28 pays. Mais son modèle économique suscite de plus en plus d’interrogations.
Microsoft, HSBC ou Facebook dans le réseau WeWork
Quand Wework débarque en 2010, le concept de « coworking » n’est pas nouveau. Il avait déjà cours depuis les années 1990, mais il a véritablement pris de l’ampleur avec le développement des nouvelles technologies dans les années 2000 (qui permettent de travailler depuis n’importe où) et surtout avec la crise financière, qui a forcé de nombreux licenciés de la finance ou de la création à monter leur propre entreprise. WeWork a sauté sur l’occasion pour proposer exactement ce que les nouvelles entreprises recherchaient, à savoir un espace pas cher, professionnel et ouvert au monde. Ainsi, « WeWork a été la première à vraiment répondre aux demandes des petits entrepreneurs », fait remarquer Alex Cohen, spécialiste du marché immobilier commercial pour Compass à New York.
La société new-yorkaise propose des cafés gratuits, des canapés et des cloisons vitrées, des détails qui n’existent pas dans les bureaux traditionnels. Dans les locaux, toute l’intendance est prise en charge, de la connexion internet à l’imprimante en passant par le ménage. Il y a également la déco, qui mélange couleurs vives, design industriel et tissus ethniques, ce qui attire forcément les millenials. C’est pourquoi, les plus grandes entreprises comme Microsoft, HSBC ou Facebook ont été séduites. Les sociétés de plus de 500 salariés représentent désormais 40% des membres de WeWork.
Avec WeWork, « on n’a à s’occuper de rien »
Il n’y a pas que les grands groupes qui ont été conquis par les services de WeWork. L’on compte surtout, au nombre de ses clients, les petites sociétés en quête de simplicité et de bureaux de moindre coût. C’est le cas de la start-up CybelAngel. Lors de son installation à New York, elle a choisi les bureaux de la société new-yorkaise. Et depuis, elle ne fait que déménager au sein du réseau WeWork au fur et à mesure de son expansion. Leur bureau actuel est une pièce d’angle agrémentée d’un mobilier basique jouxtant une petite salle de réunion, avec vue sur la mythique 5e avenue. Jocelyne Attal, directrice des opérations de CybelAngel à New York, reconnait qu’actuellement « Ce n’est pas moins cher » qu’un espace professionnel traditionnel « mais on n’est pas obligés de s’engager pour trois ans ». En plus, avec WeWork, il y a « La sécurité, l’accueil, le respect des normes, le ménage » et « on n’a à s’occuper de rien ». Il y a en outre les petit-déjeuner du lundi matin, ainsi que les pots du jeudi soir, gratuits, représentent un bonus apprécié. Alex Cohen renchérit en relevant qu’«Au mètre carré, c’est bien plus cher qu’un bureau traditionnel. Mais il faut réfléchir en termes de personnes: on partage un bureau à 4 ou 5 mais on a aussi accès à des salles de réunion, aux espaces communs, à la cuisine ».
Des pertes estimées à 1,9 milliard de dollars pour un chiffre d’affaires de 1,8 milliard
Toujours plus ambitieux, WeWork prépare son entrée en Bourse et, selon le Wall Street Journal, cherche à emprunter jusqu’à 4 milliards de dollars pour marquer un peu plus de son empreinte le monde du « coworking ». Mais voilà, le modèle économique du groupe ne plait pas à tout le monde. « Il y a une certaine réticence chez les propriétaires à louer à WeWork dans la mesure où ils louent eux-mêmes à relativement court terme », relève Alex Cohen, qui précise qu’en cas de récession, les bureaux se videront. Les acteurs du marché immobilier ont encore en mémoire les mésaventures de Regus, aujourd’hui un géant des espaces de travail et du « coworking » sous le nom de IWG, mais qui a bien failli mettre la clé sous la porte après l’explosion de la bulle internet en 2001. L’entreprise new-yorkaise est également sur la corde raide. Elle est actuellement valorisée à 47 milliards de dollars alors même qu’elle continue de perdre de l’argent abondamment. En 2018, WeWork a perdu 1,9 milliard de dollars pour un chiffre d’affaires de 1,8 milliard. Adam Neumann, son dirigeant, fait également grincer des dents à cause de sa tendance à investir personnellement dans l’immobilier pour ensuite louer à WeWork.