Kering cède sa beauté à L’Oréal

Le leader du luxe hexagonal a officialisé la cession de son pôle dédié aux cosmétiques à sa compatriote, également numéro un mondial du secteur. De quoi offrir au groupe de nouvelles marges de manœuvre pour améliorer sa situation économique.

Kering a annoncé dimanche 19 octobre, la vente de sa division beauté à L’Oréal pour la somme de 4 milliards de dollars « payables en numéraire à la réalisation de l’opération prévue pour le premier semestre 2026 ».

L’acquéreur reprend la marque de parfums Creed, fleuron du portefeuille, et bénéficie par ailleurs de droits exclusifs sur le développement des lignes beauté et parfum des maisons phares du groupe via une licence de 50 ans.

Cela couvre plusieurs maisons emblématiques du portefeuille du groupe, notamment Gucci, Bottega Veneta et Balenciaga. « En complément du partenariat beauté, Kering et L’Oréal s’associent pour explorer des opportunités stratégiques à la croisée du luxe, du bien-être et de la longévité », indique le communiqué conjoint.

« Ce partenariat exclusif, prévu sous la forme d’une co-entreprise à 50/50, permettra de créer des expériences et des services combinant les capacités d’innovation de L’Oréal et la connaissance approfondie des clients du luxe de Kering », poursuit-il.

Un souffle financier non négligeable

La vente s’inscrit pleinement dans la démarche de transformation menée par Luca de Meo, tout juste nommé à la direction de Kering. « Ce partenariat nous offre l’opportunité de nous recentrer sur nos forces essentielles : créativité et rayonnement de nos maisons », assure l’ex-dirigeant de Renault, chargé de réorienter le groupe.

En effet, la dette nette de Kering s’élevait à 11 milliards de dollars à la fin juin, auxquels s’ajoutaient 7 milliards de dollars d’obligations locatives à long terme. La conséquence d’un ralentissement de sa marque phare, particulièrement affectée par la baisse de la demande sur le marché chinois. Une situation qui suscite de vives inquiétudes parmi les investisseurs.

Ce mouvement stratégique devrait donc contribuer à assainir durablement la situation financière du groupe et à rassurer les marchés sur sa solidité économique. En parallèle, des redevances perçues au titre de la licence concédée à L’Oréal garantiront à Kering une source régulière de revenus.

Rupture avec la stratégie de diversification antérieure

Cette transaction marque une inflexion importante par rapport à l’orientation stratégique impulsée précédemment par François-Henri Pinault, ex-dirigeant et héritier de la famille fondatrice. Sous son impulsion, Kering s’était engagé sur la voie de la diversification, dans le but de limiter la prépondérance de Gucci au sein du groupe.

À l’inverse, L’Oréal, dont la santé économique demeure solide (chiffre d’affaires semestriel de 22,47 milliards d’euros, marge opérationnelle à 21,1 % et résultat net de 3,78 milliards d’euros au premier semestre 2025), consolide nettement sa présence sur le segment du luxe grâce à ce deal, avec de nouvelles opportunités de développement en perspective.

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