Le scandale crypto qui ébranle l’Argentine
Le président Javier Milei est au cœur d’une controverse après avoir fait la promotion d’un cryptoactif dont la valeur s’est effondrée, laissant des dizaines de milliers d’investisseurs gravement lésés.
Près de 300 millions de dollars. C’est l’estimation du montant qui s’est volatilisé en l’espace de quelques heures dans la nuit du 14 au 15 février dernier, au préjudice de plus de 40 000 personnes. Le scénario, qui pourrait sembler tout droit sorti d’un mauvais film, s’est pourtant bel et bien déroulé en Argentine.
Les faits impliquent même la plus haute autorité du pays en la personne du président Javier Milei. Celui qui s’est autoproclamé libertaire a en effet promu, une cryptomonnaie nommée « $Libra », avec comme cri de ralliement « l’Argentine libérale grandit !!! ».
« Le monde veut investir en Argentine », a entre autres publié le chef de l’État, à 19h01 le jour de la Saint-Valentin sur X, avec un lien renvoyant vers la plateforme dédiée à l’acquisition de la monnaie numérique créée 23 minutes plus tôt, selon une reconstitution des faits réalisée par le New York Times (NYT).
De quoi aiguiser l’appétit des investisseurs. D’autant que Javier Milei se révèle être également un économiste. Une erreur monumentale qui a laissé jusqu’à 44 000 personnes sans leur mise de départ, d’après l’économiste espagnol Eduardo Garzon.
« Une arnaque pyramidale »
« Seules neuf personnes ont gagné 87 millions de dollars (83 millions d’euros) », décrypte ce dernier sur X, pointant « une arnaque pyramidale en bonne et due forme ».
En effet, le jeune entrepreneur américain Hayden Davis et une des figures centrales du scandale, a admis le 17 février dans une interview, avoir eu recours à des robots programmés pour acheter automatiquement 82% des jetons Libra dès les premiers instants du lancement via des portefeuilles numériques.
Une pratique assimilable à un délit d’initié. Puisque ces mêmes portefeuilles ont ensuite retiré leurs fonds de la circulation, s’enrichissant considérablement tout en provoquant l’effondrement de la valeur de la crypto.
Des répercussions politiques
À la tête de Kelsier Ventures, une entreprise spécialisée dans les infrastructures techniques pour projets dits du Web3, Davis a rencontré le président Milei fin janvier à Buenos Aires. Une photo des deux hommes avait même été partagée sur les réseaux sociaux par le président lui-même, évoquant avec enthousiasme leur discussion sur les technologies blockchain.
Pourtant, le chef de l’État argentin nie toute implication dans la survenance du scandale. «Je ne connaissais pas les détails du projet et, après en avoir pris connaissance, j’ai décidé de ne pas continuer à le diffuser», a-t-il soutenu quelques heures après sa promotion de Libra.
Alors que les plaintes se multiplient contre Javier Milei, l’opposition accroît la pression sur celui-ci, prédécesseure Cristina Fernandez de Kirchner l’affublant du surnom de « cryptoarnaqueur ».