La bombe à retardement de la fonction publique française

Le financement des pensions des fonctionnaires connaît une explosion problématique.

En vingt ans seulement, le budget dédié aux retraites des agents de l’État a bondi de 20 milliards d’euros, passant de 48 milliards en 2006 à un montant vertigineux de 68 milliards aujourd’hui, d’après les informations du Journal de Dimanche (JDD).

Cela représente désormais plus de 2% du produit intérieur brut français. La question se pose de la soutenabilité à long terme d’un tel niveau de dépenses de la part de l’État, malgré la légitimité de ces revenus de remplacement.

D’autant que la question du déficit de plus en plus profond au fil des années, revient sur le devant de la scène. À cet effet, le Premier ministre François Bayrou propose d’intégrer les subventions d’équilibre de l’État dans le calcul du déficit.

Une suggestion écartée par la Cour des comptes, mais qui n’en reste pas moins pertinente. Car ces subventions représentent bien une part croissante des finances publiques françaises, alimentées par la dette et les impôts des contribuables.

Un déséquilibre démographique alarmant

L’un des facteurs de cette progression vertigineuse des allocations de retraites, tient à l’origine même de sa conception en tant que modèle. C’est-à-dire à une époque où la démographie était favorable (beaucoup d’actifs, peu de retraités) et où les carrières étaient linéaires.

Désormais, le rapport entre travailleurs actifs et retraités connaît un déséquilibre préjudiciable pour la pérennité de ce système. « Dans le privé, le ratio est à 1,7 actif cotisant par retraité. C’est pire dans le public, où le ratio est déjà à 1 pour 1« , explique Bertrand Martinot, économiste à l’Institut Montaigne, dans le JDD.

Avec si peu de cotisants par retraité, les cotisations normales ne peuvent pas couvrir les pensions. Cette situation explique pourquoi le taux de cotisation employeur a dû être porté jusqu’à 78% dans la fonction publique, contre 28% dans le secteur privé.

L’État doit ainsi compenser massivement via des « subventions d’équilibre ». Autrement dit, « des aides financières accordées par l’État ou des collectivités locales pour combler un déficit comptable d’une activité non-rentable, mais considérée d’intérêt général ».

Un système à deux vitesses ?

La France se distingue également par sa fonction publique jugée « pléthorique » par le JDD, avec plus de 2 millions d’agents pour la seule fonction publique d’État.

« Le montant de leur pension est calculé par rapport à la rémunération des six derniers mois de carrière. Dans le privé, ce sont les 25 meilleures années qui sont prises en compte. Ce système majore artificiellement les pensions des fonctionnaires. Avec notre dette, c’est intenable », souligne Bruno Chrétien, directeur de l’Institut de la protection sociale.

Il plaide notamment pour un alignement des règles sur le privé, sachant que les agents de l’État partent en moyenne à la retraite plus tôt que les salariés du privé : 62,5 ans pour les agents civils et seulement 46 ans pour les militaires.

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