Malgré sa popularité, Substack peine à faire du profit
La célèbre plateforme de newsletters peine à trouver le chemin de la rentabilité, contrairement à nombre de ces utilisateurs.
C’est une information dévoilée il y a quelques jours seulement par le New York Times (NYT) : Elon Musk, le richissime homme d’affaires qui a désormais l’oreille du nouveau président des États-Unis Donald Trump a tenté de racheter Substack.
La proposition formulée en avril 2023, soit six mois après l’acquisition de Twitter (rebaptisé X depuis) par Musk, se serait soldée par un refus de Chris Best, le PDG de la plateforme de newsletters, à en croire le quotidien new-yorkais citant des sources proches des discussions.
Cette décision aurait été motivée à l’époque, selon le NYT, par le développement de « Notes », une nouvelle fonctionnalité destinée à permettre aux créateurs de Substack de partager rapidement du contenu court, semblable à des posts sur les réseaux sociaux.
Cela devait en effet permettre à la plateforme qui s’est présentée à sa naissance en 2017, comme une alternative plus saine et moins anxiogène à travers les échanges, particulièrement dans le domaine de l’information politique, de séduire de nouveaux utilisateurs.
Nouveau refuge des déçus des médias traditionnels
Le moins que l’on puisse dire un an et demi plus tard, c’est que le résultat est plutôt en demi-teinte. Le New York Times révèle que le nombre d’utilisateurs grandit, grâce à notamment à l’arrivée d’anciennes personnalités du paysage médiatique traditionnel ou des réseaux sociaux tels que X, Facebook et autres, reconvertis en créateurs de contenus.
C’est le cas de l’ancien journaliste Mehdi Hasan évincé de MSNBC, du collectif de commentateurs de centre-droit The Bulwark, ou encore Meghan McCain, commentatrice conservatrice. À cela s’ajoutent d’autres figures, dont Nate Silver, réputé pour ses prédictions basées sur les données, notamment dans le domaine de la politique.
Il s’agit d’autant d’éditeurs qui génèrent chacun, grâce à leurs contenus sur Substack, des revenus de l’ordre d’un million de dollars par an. Un succès fondé selon le NYT, sur une combinaison de facteurs tels que : une totale liberté éditoriale de la part de la plateforme pour les créateurs, support personnalisé et d’un puissant réseau de recommandations.
Le péril d’une croissance sans profit
Mais si ces success-stories individuelles renforcent la crédibilité de Substack auprès de ses utilisateurs, elles sont loin de profiter à la plateforme pour l’instant. À preuve, le site peine à assurer un retour sur investissement convenable malgré ses quatre millions d’abonnés payants, soit davantage que des institutions comme le Washington Post ou The New Yorker.
En cause, son modèle économique, basé sur le prélèvement d’une commission de 10% sur les revenus des créateurs, manifestement insuffisant pour couvrir les charges, selon le NYT.
La société a ainsi perdu 22 millions de dollars en 2021, période aux chiffres les plus récents disponibles. Pas de quoi inquiéter la direction cependant, qui dit préférer miser pour l’heure sur la croissance.