Le jour où Nvidia a perdu 590 milliards

Le leader mondial des microprocesseurs a connu une journée historiquement noire, lundi 27 janvier 2025.

« C’est un moment Spoutnik de l’IA », avait tweeté Marc Andreessen, spécialiste en capital-risque et soutien du nouveau président américain Donald Trump, le week-end dernier en référence au lancement du premier satellite dans l’espace par l’URSS.

Et pourtant cette analogie suscitée par le dévoilement il y a quelques jours, de DeepSeek-R1, le dernier modèle d’intelligence artificielle (IA) de la startup chinoise éponyme, n’a sans doute pas anticipé l’ampleur du bouleversement intervenu lundi 27 janvier sur les marchés financiers américains.

Le Nasdaq, indice de référence des valeurs technologiques, a plongé de 3,07%. Les fabricants de semi-conducteurs ont particulièrement souffert, avec des baisses comprises entre 13% et 17% pour Broadcom, Taiwan Semiconductor et Nvidia, la locomotive de l’industrie.

De quoi faire perdre près de 590 milliards de dollars de capitalisation boursière à l’entreprise réputée être la plus valorisée du monde. Cette chute vertigineuse, la plus importante jamais enregistrée en une seule séance à Wall Street, équivaut à la disparition combinée des fleurons européens LVMH, TotalEnergies et BNP Paribas.

Un effondrement général

Cet effondrement induit par la capacité de DeepSeek-R1 à performer aussi bien que les modèles américains ChatGPT d’OpenAI ou encore Claude d’Anthropic, a ébranlé l’ensemble du secteur technologique, notamment les groupes liés de près ou de loin à l’IA.

Même si certains acteurs ont mieux résisté que d’autres à la secousse. À l’instar de Microsoft et Google en pertes respectives de 2,1% et 4,2%. Plus surprenant, Meta et Amazon ont terminé dans le vert, tandis qu’Apple, souvent critiqué pour son retard dans ce domaine, progressait de 3,2%.

Le secteur des énergies dites vertes jusqu’ici dopé par la perspective d’une forte demande puissance de calcul dans l’intelligence artificielle n’a pas été épargné. Ainsi, les start-ups spécialisées dans les microréacteurs nucléaires ont vu leur valorisation fondre d’un quart, tandis que les grands groupes énergétiques comme Vistra perdaient jusqu’à 28% de leur valeur.

La fin du modèle de l’argent-roi ?

Paradoxalement, ce chaos technologique a profité aux acteurs de l’économie traditionnelle, comme relevé par Le Monde. Le Dow Jones a progressé de 0,65%, porté par des valeurs défensives comme Johnson & Johnson, Nike ou encore Procter & Gamble.

Plus étonnant, AT&T, géant déchu des télécommunications, bondissait de 6,25%. « OpenAI et d’autres ont cru que l’argent était leur rempart. Ce n’est pas le cas », tranche la journaliste spécialisée tech Parmy Olson, dans un article d’opinion sur Bloomberg.

En effet, cette situation vient remettre en cause la croyance des investisseurs à travers le modèle de l’argent-roi consistant à injecter plus de finances pour le développement de l’IA. Il reste à voir jusqu’à quel niveau l’effet DeepSeek va rebattre les cartes.

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