China Rare Earth Group, l’outil de domination chinoise de la géopolitique des terres rares
La Chine vient de procéder à la création d’un nouvel acteur des minerais de demain. Le pays qui a longtemps profité du désintéressement de l’Occident et des États-Unis sur le sujet veut demeurer incontournable dans ce secteur.
La Chine a créé fin décembre 2021, la China Rare Earth Group Co, entreprise active dans le domaine des terres rares. Le terme désigne un ensemble de 17 métaux aux noms étranges pour le grand public, tels le scandium, l’yttrium ou le Samarium. Mais dont la présence dans de nombreux composants électroniques est primordiale en raison de leurs propriétés. On les retrouve ainsi dans les smartphones, les batteries pour voitures électriques, les éoliennes… Autant d’éléments indispensables donc à la transition écologique, gage d’une planète sans émission de gaz à effet de serre.
Paradoxalement, mettre la main sur ces composés n’est pas évident. Car l’extraction et le raffinage nécessitent une pollution à grande échelle de l’environnement. Ce qui explique que de nombreux pays s’en sont longtemps écartés. Mais pas la Chine dont les législations environnementales sont moins regardantes. Résultat : le pays est devenu un incontournable du secteur, fournissant 60% des terres rares en circulation dans le monde, selon l’US Geological Survey.
Prise de conscience
Mais la domination de la Chine tend à s’étioler dans les prochaines années avec la prise de conscience internationale quant à l’importance stratégique de ces métaux. La seule mine américaine située en Californie a ainsi récemment rouvert après deux décennies de fermeture. Le continent européen n’est pas en reste avec des projets en cours en Suède et en Scandinavie, pour ne citer que ceux-là.
D’où la naissance du nouveau géant chinois suite au regroupement de trois principaux acteurs de la filière, dont China Minmetals Corp, Aluminium Corp of China (Chalco) et Ganzhou Rare Earth Group Co.
Fin de la dispersion
Avec cette société, Pékin consolide son industrie des terres rares souvent accusée par les autorités de laxisme. Notamment en matière de fixation des prix. Comme en témoigne une sortie du ministre de l’Industrie, Xiao Yaqing, en mars 2021. L’officiel chinois avait alors regretté, dans des propos rapportés par la presse locale, que « les terres rares du pays ne se vendent pas à un prix rare « .
Outre l’influence sur les coûts dans un contexte de forte demande sur le marché, la puissance de la China Rare Earth Group pourrait donner à l’Empire du Milieu plus de marge de manœuvre dans sa guerre commerciale contre Washington, entre autres.