Les sanctions américaines contre la filière viticole française, élargies
Un large éventail de produits de la filière viticole française se retrouvent désormais en difficulté pour pénétrer le marché américain. En cause : des sanctions imposées par l’administration de Donald Trump contre les vins et spiritueux en représailles aux subventions publiques de l’Union européenne (UE) à Airbus, jugées illégales.
Il faudra dorénavant pour la France payer davantage afin de voir ses vins en vrac, ses vins de plus de 14 degrés et autres spiritueux à partir de vin comme le cognac et l’armagnac traverser l’Atlantique. De nouvelles sanctions décidées par les États-Unis contre l’UE en fin d’année écoulée dans le cadre du conflit Airbus vs Boeing entrent en vigueur ce 12 janvier. Ces droits de douane de 25% risquent, à en croire les acteurs, de laisser le viticole français économiquement exsangue. D’autant plus que, avec ces nouvelles mesures de rétorsion, seuls le champagne et le vin mousseux sont désormais exemptés de taxes à l’entrée du marché américain.
Par ailleurs, le secteur de la viticulture française se relève à peine de sa gueule de bois financière en raison de la crise du coronavirus. Les bars et restaurants dédiés à la consommation de boissons alcoolisées toujours closes en raison de la pandémie n’ont pas épargné le cognac par exemple, consommé en cocktail et très prisé des Américains. Les chiffres témoignent notamment d’un recul des exportations de 8% en volume et de 25% en valeur de vins non effervescents vers les États-Unis, rien qu’en 2020.
La France presse l’UE
Afin d’arrêter la saignée pour les acteurs, le ministère français de l’Économie multiplie les initiatives. Les services du ministre Bruno Le Maire vont en effet élargir très prochainement l’indemnisation des entreprises par l’État à hauteur de 20% du chiffre d’affaires mensuel aux viticulteurs. Outre cette mesure destinée à atténuer, un tant soit peu, les effets de la crise du coronavirus sur certaines entreprises, la France travaille de concert avec les banques, à faire reporter le début du remboursement des Prêts garantis par l’État (PGE).
Mais Paris, une des têtes de gondole de la production mondiale de vin ne compte pas s’en arrêter là alors que les acteurs de la filière crient de plus en plus à l’agonie. Quatre ministres français devraient très prochainement enjoindre à la Commission européenne de travailler à des initiatives afin de soulager les secteurs économiques qui pâtissent de ce conflit interminable entre les États-Unis et l’UE. Depuis 2004, Washington et Bruxelles s’accusent en effet mutuellement d’avoir subventionné illégalement leur avionneur respectif (Airbus et Boeing), au grand dam de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) impuissante. D’escalade en escalade, cette brouille commerciale concernant l’aéronautique à l’origine, se répercute désormais sur bien d’autres secteurs comme l’agroalimentaire, le manufacturé, l’agricole, etc.