La dette qui fait trembler SFR

L’avenir de l’opérateur télécom se joue ce lundi 4 août 2025, avec une décision de justice cruciale sur l’endettement de sa maison mère.

Tous les acteurs français des télécommunications ont les yeux rivés sur le tribunal des activités économiques de Paris ce lundi 4 août 2025. C’est en effet là que se joue le sort de SFR, numéro deux français du secteur.

L’opérateur va connaître la décision de la justice concernant le plan de désendettement de sa maison mère Altice, qui doit ramener sa colossale dette de 24 à 15,5 milliards d’euros.

En contrepartie de cette réduction drastique, négociée au terme d’âpres discussions selon les mots du PDG Arthur Dreyfuss, les créanciers – notamment les puissants fonds américains BlackRock, Pimco et Fidelity – obtiendraient 45% du capital, Patrick Drahi conservant 55%.

Alors que le procureur a requis le 22 juillet dernier l’adoption du plan sous réserve de l’exclusion des filiales SFR SA, SFR Fibre et Completel, trois scénarios, tous périlleux ou presque, se présentent désormais à SFR.

Les trois scénarios d’un décision stratégique

Si l’approbation permettrait d’alléger la dette de l’entreprise, elle risque également de provoquer un appel des syndicats, qui craignent que SFR serve de caution à Altice. Ils soupçonnent par ailleurs que ce plan ne soit qu’une étape vers la vente de l’opérateur.

Une validation partielle – comme le demande le procureur – compliquerait drastiquement les négociations avec les créanciers et pourrait faire échouer l’accord. Un rejet total aurait les mêmes conséquences) à savoir maintenir un statu quo préjudiciable à tous les acteurs du secteur.

L’enjeu dépasse SFR, car Orange, Bouygues et Free envisagent de racheter l’opérateur au carré rouge pour ramener la France de quatre à trois opérateurs, d’après Le Monde. « C’est un processus qui doit aller à son terme », insistait Christel Heydemann, directrice générale d’Orange, le 29 juillet.

Une stratégie d’endettement à bout de souffle ?

Derrière cette affaire à l’origine de la hantise des 8 000 employés de SFR, se cache un homme qui a fait de l’endettement sa stratégie de croissance. Patrick Drahi, patron d’Altice, est devenu au fil des ans un maître dans l’art des acquisitions à crédit.

Son talent pour séduire les banquiers – grâce à des présentations financières implacables et une rémunération généreuse des intermédiaires – lui assure systématiquement les financements nécessaires. Jusqu’à ce que la crise des taux provoque la restructuration actuelle.

Depuis 2022 en effet, la remontée de l’inflation et des taux d’intérêt fragilise dangereusement le modèle Drahi. Les nouveaux crédits coûtent désormais plus cher que ne rapporte Altice, tandis que SFR perd des abonnés face à Free et ses concurrents.

Si bien que cet homme, surnommé « le plus endetté de France », a dû céder sa branche médias en 2024 pour 1,5 milliard d’euros.

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