Shell à l’assaut de BP

Le géant pétrolier britannique pourrait acquérir son rival dans le cadre d’une transaction record, d’après des informations du Wall Street Journal.

Bloomberg l’avait évoqué le mois dernier, le Wall Street Journal (WSJ) en donne confirmation ce mercredi 25 juin : Shell envisage de racheter BP. Des discussions préliminaires sont actuellement en cours entre les parties dans ce qui représenterait, selon le quotidien américain, « la plus importante transaction pétrolière d’une génération ».

Cette description fait référence aux chiffres que l’opération pourrait impliquer, c’est-à-dire au moins 80 milliards de dollars correspondant à la valorisation boursière actuelle de BP. En tenant en compte la prime d’acquisition, un deal potentiel pourrait se conclure à plus de 83 milliards de dollars.

De quoi supplanter en valeur l’opération à l’origine de la naissance d’ExxonMobil au début du siècle en cours. À l’époque, Exxon et Mobil avaient fusionné dans le cadre d’un accord évalué à 83 milliards de dollars, soit la plus grande fusion pétrolière jamais réalisée à ce jour.

Ces négociations, bien qu’encore embryonnaires, révèlent le déséquilibre entre les deux géants pétroliers. BP traverse en effet une période difficile, distancée par ses concurrents après avoir abandonné les énergies fossiles au profit des renouvelables.

Un retour aux fondamentaux énergétiques

Plus généralement, la compagnie britannique, autrefois fleuron de l’industrie, accumule les déboires depuis plusieurs années, entre catastrophes opérationnelles et bouleversements managériaux répétés.

Dans ce contexte, le président Helge Lund a annoncé en avril dernier son départ de l’entreprise « probablement au cours de l’année 2026 » sous la pression du fonds activiste américain Elliott Management. Une victoire pour cette entité détentrice de plus de 5% des actions, dont l’activisme pour une réorientation vers les énergies fossiles remonte au début de l’année.

En conséquence, BP a annoncé son intention d’augmenter sa production de pétrole et de gaz tout en réduisant drastiquement ses investissements dans les énergies propres, reconnaissant ainsi l’échec de sa transition verte.

Cette situation contraste avec celle de Shell, qui s’est concentrée dès le départ sur ses activités les plus rentables en s’engageant à pomper davantage de pétrole et de gaz tout en abandonnant ses objectifs d’énergie propre.

Les enjeux d’une fusion titanesque

Selon le WSJ, un accord pourrait donner à l’activité de trading mondial de Shell une plus grande portée et renforcer sa domination dans des domaines comme le gaz naturel liquéfié.

Les analystes cités par le quotidien américain voient également une complémentarité intéressante dans les opérations des deux groupes dans le golfe du Mexique, où leurs positions respectives pourraient créer des économies d’échelle substantielles.

Dans un contexte géopolitique mondial troublé par l’offensive douanière du président américain Donald Trump, le Wall Street Journal souligne que l’origine britannique de Shell pourrait faciliter l’approbation des régulateurs du Royaume-Uni.

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