Le pari perdu des milliardaires sur Trump
De nombreuses grandes fortunes, fervents soutiens de Donald Trump, déchantent aujourd’hui face à l’effondrement historique de Wall Street, conséquence de la politique tarifaire exceptionnellement agressive du président américain.
« J’avais supposé que la rationalité économique primerait. J’ai eu tort. » C’est par ces mots que Bill Ackman, figure emblématique de la classe des milliardaires ayant embrassé la cause de Donald Trump aux États-Unis, a entamé son mea culpa sur X, lundi 7 avril 2025.
Cette confession intervient alors qu’un de ses abonnés sur le réseau social lui faisait comprendre que sa « colère envers les Démocrates a obscurci » son jugement à propos de la dernière présidentielle. Une période au cours de laquelle cet ancien soutien du parti démocrate a joué de son argent et de son influence au profit du candidat républicain.
Les propos représentent de cet homme d’affaires un cas de contrition publique remarquable dans le monde de la haute finance américaine à l’heure où Trump met Wall Street à rude épreuve à travers ses massifs droits de douane.
Des taxes que le gestionnaire de fonds spéculatifs appelle à suspendre pendant « 30, 60 ou 90 jours » avant leur entrée en vigueur mercredi 9 avril afin de permettre « que les négociations soient achevées sans une perturbation économique mondiale majeure qui nuirait aux entreprises et aux citoyens les plus vulnérables de notre pays ».
Le réveil brutal des élites financières
Comme si le président américain en avait cure. Le 47e président des États-Unis n’a cessé de le marteler dans le cadre de sa quête pour un retour au pouvoir après son premier mandat (2016-2020) : il est prêt à bouleverser l’ordre établi, quitte à remettre en cause les règles du commerce international.
Mais beaucoup de PDG, de magnats du capital-investissement et de gestionnaires de fonds spéculatifs ont largement ignoré ce qui le site d’information Bloomberg qualifie désormais « d’une évidence aveuglante ».
Le réveil se révèle désormais brutal ces grands acteurs de la finance mondiale. La plupart ayant étant affectés par la saignée boursière en cours. En effet, près de 6 000 milliards de dollars se sont évaporés en seulement deux jours de dégringolade des marchés.
Le spectre d’une tempête économique mondiale
Et ce n’est peut-être que le début d’une tempête économique mondiale, à en croire certaines prévisions. De fait, les langues se délient de plus en plus pour tenter d’appeler Donald Trump à une certaine rationalité.
Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase, a ainsi mis en garde contre la politique tarifaire, affirmant qu’aliéner les alliés « pourrait être désastreux à long terme ». « L’Amérique d’abord, c’est bien, tant que cela ne finit pas par être l’Amérique seule« , a-t-il déclaré lundi, dans sa lettre annuelle aux actionnaires.
Même Elon Musk, proche conseiller du président et homme le plus riche du monde a déclaré espérer un jour une zone de libre-échange Europe-Amérique. De quoi s’attirer les foudres du conseiller présidentiel Peter Navarro.
Une chose est claire : quand il s’agit de Trump, « ce qu’il dit est ce qu’il fait, » comme l’a si bien résumé Reggie Browne, principal chez la société de trading GTS, cité par Bloomberg.