Nomination du Premier ministre : les Insoumis commencent à perdre patience

Six semaines après les législatives anticipées, la France n’a toujours pas de nouveau gouvernement. Emmanuel Macron joue la montre et agace les Insoumis. Ces derniers lui lancent un ultimatum : nommer rapidement un Premier ministre ou se voir destitué par une procédure légale au Parlement.

Emmanuel Macron se fait Chronos, et fait perdre patience à La France Insoumise (LFI). Cela fait maintenant six semaines qu’ont eu lieu les législatives anticipées, remportées par le Nouveau Front Populaire (NFP), grâce à un front républicain contre le Rassemblement National (RN). Le président de la République avait invoqué les Jeux Olympiques de Paris (du 26 juillet au 11 août) pour reporter la nomination du prochain Premier ministre de France et donc la composition du futur gouvernement.

Les Insoumis fatigués d’attendre le président

Mais ces JO de Paris sont terminés depuis plus d’une semaine, et Emmanuel Macron n’a toujours pas désigné le nouveau locataire de Matignon. Tout se passe comme s’il voulait dribbler l’alliance de gauche pour nommer une personnalité à sa convenance. Cette attitude ne passe plus auprès du NFP, en particulier des Insoumis. Fatigués de jouer « En attendant Godo », ces derniers ont décidé de passer à l’attaque. Le lundi 19 août, ils ont menacé d’engager une procédure de destitution contre le président de la République, s’il ne nommait pas rapidement un nouveau Premier ministre.

Emmanuel Macron manque à son devoir

Pour atteindre leur but, Jean-Luc Mélenchon et ses camarades veulent faire adopter l’article 68 de la Constitution par le Parlement. Ce texte indique que « le président de la République ne peut être destitué qu’en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ». Selon LFI, nous sommes bien dans ce scenario actuellement. Emmanuel Macron manque à son devoir de nommer un Premier ministre issu de la gauche, conformément aux résultats des législatives du 7 juillet. Le NFP –commencé de LFI, du PS, des écologistes et des communistes– a déjà choisi sa candidate, Lucie Castets. Mais le chef de l’Etat n’apprécie guère celle-ci.

La destitution, une « possibilité crédible », mais un « avertissement »

Les Insoumis relèvent également que le gouvernement démissionnaire n’a plus aucune légitimité démocratique pour assurer les affaires courantes. Il est donc temps de placer quelqu’un à Matignon pour former une nouvelle équipe. D’où la pression mise à Emmanuel Macron dès la fin des JO. Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, croit que la destitution est une « possibilité crédible », même s’il s’agit d’un « avertissement ». Son parti rappelle qu’il possède 72 députés, donc plus du dixième des élus requis pour déposer une procédure de destitution au Palais-Bourbon (577 députés au total).

Emmanuel Macron donne rendez-vous aux Insoumis et à la gauche ce vendredi à l’Elysée

Mais il faudra aux Insoumis obtenir le vote des deux tiers des élus de l’Assemblée nationale, puis le vote des deux tiers des sénateurs. Plutôt confiant, Manuel Bompard avance que les députés qui soutiennent le président de la République représentent moins d’un tiers des élus à l’Assemblée nationale. En d’autres termes, le coup est faisable. Mais les autres partis du NFP ne soutiennent pas cette démarche de LFI. Ils préfèrent attendre sagement le vendredi 23 août, jour de rencontre à l’Elysée avec Emmanuel Macron.

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