Livret A : la collecte a atteint en mars son niveau le plus élevé depuis plus de 10 ans

 

Le livret A a atteint en mars son niveau le plus haut depuis dix ans. Selon des chiffres publiés vendredi par la Caisse des dépôts, la collecte mensuelle s’est établie à 2,71 milliards d’euros, soit le double du mois précédent. Le gouvernement, qui s’inquiète de cette tendance en ces temps de coronavirus, appelle les Français à moins épargner et à plus consommer.

Face à la crise sanitaire du coronavirus, les Français préfèrent mettre leur argent à l’abri. La collecte du livret A, l’un des placements préférés des Français, a fait en mars un bond vertigineux de près de 2,71 milliards d’euros, selon des chiffres publiés vendredi par la Caisse des dépôts. Il s’agit du double de celle enregistrée en février (1,17 milliard d’euros) et de son niveau le plus élevé depuis la crise financière de 2009. Les dépôts sur le livret développement durable et solidaire (LDDS), qui contribue au financement de l’économie sociale et solidaire, ont eux aussi atteint leur niveau le plus élevé depuis 2009, à 1,12 milliard d’euros.

L’encours total sur ces deux livrets atteint désormais 420,8 milliards d’euros. C’est quasiment 20 milliards de plus en un an, malgré une rémunération revue à la baisse en février (passée de 0,75 à 0,5 %) et… 150 milliards de plus en dix ans.

Avec le coronavirus, il y a moins de dépenses

La hausse de la collecte des deux livrets ne surprend guère, compte tenu du confinement, qui limite très fortement les achats aux produits de première nécessité tels que les denrées. D’ailleurs, seuls quelques commerces essentiels, dont les magasins alimentaires, sont ouverts actuellement.

« Face à une crise sanitaire et économique sans précédent, le Livret A joue son rôle traditionnel de valeur refuge de l’épargne française », estime dans un communiqué Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, cabinet de réflexion sur l’épargne et sa réglementation. « La crainte de la maladie et de la perte de revenus incite les ménages à se constituer un volant de sécurité », explique-t-il.

« Ce n’est pas d’épargne dont nous avons besoin aujourd’hui, mais d’investissement »

Pour le gouvernement, la hausse des collectes sur le livret 1 et le LDDS constitue un sujet d’inquiétude, car il ne peut pas y avoir de relance de la machine économique sans reprise de la consommation. « Ce n’est pas d’épargne dont nous avons besoin aujourd’hui pour notre économie, mais d’investissement », a déploré le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, à l’Assemblée nationale, le 15 avril. Selon le ministre, il y a un « risque de voir le taux d’épargne augmenter face aux incertitudes, au détriment du financement de notre économie ».

Mais Philippe Crevel fait valoir que « Dans ce contexte très incertain, le taux importe peu. C’est la sécurité et la liquidité qui comptent. Et le livret A, garanti par l’État, est la valeur refuge par excellence ».

Heureusement, pour le gouvernement, avec le déconfinement programmé à partir du 11 mai, cet argent sécurisé va bien finir par ressortir. Mais l’on ignore encore à quel rythme.

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