9 novembre 1989 : accident de l’Histoire ou évènement calculé ?

 

Le 9 novembre 1989, des dizaines de milliers d’Allemands de l’Est se parquaient aux postes-frontière pour rejoindre Berlin-Ouest, après avoir entendu à la radio ou à la télévision, le message de Günter Schabowski, Membre du bureau politique du comité central du parti communiste d’Allemagne de l’Est. Il avait annoncé, par inadvertance, face à des dizaines de journalistes stupéfaits, l’ouverture du Mur de Berlin.

La fin du rideau de fer

Il était environ 19 heures ce 9 novembre 1989 quand Günter Schabowski chausse ses lunettes pour lire en direct à la télévision un communiqué concernant les mesures d’assouplissement pour les voyages à l’étranger des Est-Allemands. A un journaliste qui lui demandait quand les citoyens de RDA (République Démocratique d’Allemagne) auraient la possibilité de se rendre à l’Ouest, le dignitaire communiste répond : « Pour autant que je sache, cela entre en vigueur immédiatement, sans délai ».

Cette phrase sera interprétée comme un feu vert à un exode massif vers l’Ouest, pour qui le souhaitait. Les Allemands de l’Est sont rapidement des milliers tout au long de la soirée et de la nuit à se presser aux postes-frontière. D’abord prudents et incrédules, ils vont rapidement s’enhardir, encouragés par les Berlinois de l’Ouest qui fêtent déjà. Face à la foule, les douaniers sont contraints d’ouvrir grand les passages. Bientôt ce sera la chute du Mur de Berlin et la réunification de l’Allemagne, divisée depuis plus de quarante ans entre RDA et RFA (République Fédérale d’Allemagne). Cet évènement marque aussi la fin du bloc communiste emmenée par l’URSS.

Günter Schabowski ne s’est pas tenu à la lecture de son communiqué

Trente ans plus tard, l’on se pose toujours la question de savoir si la chute brutale du Mur de Berlin était un accident de l’Histoire ou un geste calculé de la part d’une dictature est-allemande à bout de souffle.

Egon Krenz, président du conseil d’État de la RDA (18 octobre 1989 au 3 décembre 1989.) accuse encore aujourd’hui Günter Schabowski d’avoir précipité la fin de la RDA en proclamant de son propre chef l’entrée en vigueur « immédiate » de la possibilité de sortie du pays. Ce qui n’était pas prévu ce jour-là. Le « ministre » de l’Information aurait dû à ses yeux s’en tenir à la lecture d’un communiqué annonçant la libéralisation des voyages à compter du lendemain matin. L’Etat aurait alors continué à garder la main à travers des sorties contrôlées avec visa obligatoire et le maintien des installations frontalières.

« Je ne pense pas qu’il ait su ce qui allait se passer »

Günter Schabowski n’a jamais clairement dit si son annonce était une erreur ou un froid calcul pour libérer les Allemands de l’Est. Il avait indiqué que « Plus personne ne pouvait arrêter le mouvement qui venait d’être lancé » avec son communiqué. « Nous en sommes venus à la conclusion que si nous voulions sauver la RDA il nous fallait laisser partir les gens qui voulaient fuir », avait-t-il raconté en 2009. Pour Wolfgang Thierse, ancien opposant est-allemand et futur président du Parlement, Günter Schabowski a été dépassé par les évènements. « Je ne pense pas qu’il ait su ce qui allait se passer. On se doutait que quelque chose se préparait sur la liberté de voyage car le parti communiste voulait soulever le couvercle pour faire baisser la pression. Mais Schabowski ne se doutait pas qu’il allait complètement s’envoler », a-t-il confié.

La RDA au bord de l’implosion

Le régime communiste était aux abois en novembre 1989. La population, cadenassée derrière le rideau de fer depuis des années, cherchait à tout prix à gagner l’Allemagne de l’ouest en passant par d’autres pays du bloc de l’Est comme la Hongrie ou la Tchécoslovaquie. En parallèle depuis début septembre, des centaines de milliers d’Allemands de l’Est manifestaient dans les principales villes de la RDA chaque semaine. « Nous voulons sortir! », imploraient-ils les autorités.

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