Chez Deloitte, la crise enrichit les associés

Première baisse de chiffre d’affaires en quinze ans pour la branche britannique du géant du conseil, tandis que les rémunérations des partenaires atteignent des sommets inédits.

Pour la première fois depuis la crise financière de 2010, Deloitte UK a enregistré un recul de son chiffre d’affaires de 1%, à 5,68 milliards de livres sterling sur l’exercice clos au 31 mai, comparé aux douze mois précédents.

Si ce résultat, qui inclut les activités suisses du cabinet, n’a rien d’alarmant en soi, il apparaît symbolique après quinze années de croissance ininterrompue. Derrière cette contraction, figure la branche conseil.

Cette dernière accuse en effet la chute la plus sévère avec un repli de 10%, son chiffre d’affaires passant de 1,87 milliard à 1,68 milliard de livres. Deloitte explique d’après le Financial Times (FT), cette situation par la frilosité de ses clients, qui ont retenu leurs investissements dans les « programmes de transformation à grande échelle », dans un contexte marqué par l’incertitude économique et les tensions géopolitiques.

Face à ce climat difficile, caractérisé entre autres par la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation, le cabinet qui évoque « des bénéfices globaux inférieurs à notre plan initial », a entrepris une réorganisation de ses activités, en réduisant le nombre de ses divisions de cinq à quatre.

Les économies profitent aux associés

S’y sont ajoutées plusieurs vagues de suppressions d’emplois, un gel partiel des promotions et une réduction des augmentations salariales moyennes. Ce tour de vis qui a contribué à réaliser 10 millions de livres d’économies au cabinet, a fait grimper le bénéfice moyen par associé détenteur de parts de 4%, pour atteindre 1,05 million de livres sterling.

Selon le FT, c’est la cinquième année consécutive que ces associés franchissent la barre symbolique du million de livres de rémunération annuelle, une performance qu’aucun des trois autres géants britanniques du secteur – EY, KPMG et PwC – n’a réussi à égaler.

Pour Richard Houston, associé principal et directeur général de Deloitte UK cité par le quotidien britannique, la performance du cabinet a été « robuste dans un marché complexe ». Il souligne que l’entreprise est restée « résiliente avec des succès clients notables dans l’ensemble de nos activités ».

Un modèle économique sous pression

Au-delà des résultats de Deloitte, c’est l’ensemble du modèle économique des Big Four qui semble vaciller. Après une période faste pendant et juste après la pandémie de Covid – quand les entreprises se ruaient sur leurs services pour naviguer dans la crise sanitaire et accélérer leur transformation numérique –, les cabinets de conseil font désormais face à un brutal retour de bâton.

Si les 800 associés détenteurs de parts des branches britannique et suisse peuvent dormir tranquilles, l’avenir s’annonce bien plus incertain pour les milliers d’employés qui constituent pourtant l’épine dorsale du cabinet.

Combien de suppressions d’emplois supplémentaires seront nécessaires pour garantir que les associés franchiront à nouveau la barre du million l’année prochaine ?

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