L’empire Wahaha secoué par un scandale d’héritage
Trois enfants issus d’une liaison cachée du milliardaire décédé en 2024 réclament leur part de succession, remettant en cause les droits de sa fille légitime, seule héritière reconnue.
Plus d’un an après la disparition de Zong Qinghou en février 2024, un scandale d’envergure internationale vient secouer son empire, le groupe chinois spécialisé dans les boissons et les eaux minérales.
Trois individus jusqu’alors totalement inconnus du public – Jackie, Jesse et Jerry Zong – ont émergé pour se présenter comme les enfants biologiques cachés du milliardaire qui fut longtemps l’une des plus grandes fortunes de Chine.
Cette révélation a déclenché une tempête juridique et médiatique d’ampleur, plaçant Kelly Zong Fuli, la fille officiellement reconnue du patriarche et actuelle présidente-directrice générale de Hangzhou Wahaha Group, au cœur de l’actualité.
Diplômée d’un master en commerce international de l’université Pepperdine en Californie, cette femme de 43 ans a rejoint l’entreprise familiale il y a plus de deux décennies en tant que directrice marketing, avant d’hériter de la participation de son père (29,4 %) à la mort de ce dernier.
Une lettre décisive ?
À la tête d’une fortune estimée à 3,3 milliards de dollars, la PDG voit désormais sa position contestée par ces trois prétendus demi-frères et sœur. Ces derniers brandissent une note manuscrite que Zong Qinghou aurait rédigée un mois avant sa mort.
Dans ce document, l’homme d’affaires promettait de créer trois trusts offshore pour leur transférer équitablement une partie de sa fortune. Cette missive s’est avérée être un facteur décisif pour l’offensive judiciaire lancée par les trois héritiers présumés devant les tribunaux hongkongais.
Le 1er août dernier, la Cour suprême de Hong Kong leur a en effet donné raison, ordonnant le gel d’un compte HSBC contenant la somme vertigineuse de 1,8 milliard de dollars. Cette première victoire pourrait cependant en appeler d’autres.
Un second front judiciaire s’est ouvert en Chine continentale, à Hangzhou, siège de Wahaha dans la province du Zhejiang. Là-bas, les trois plaignants réclament formellement leurs parts d’héritage selon le droit chinois. À cet effet, la cour de Hangzhou vient d’ordonner des analyses ADN pour établir définitivement la filiation des trois prétendants.
L’effondrement d’une image de modèle
Cette bataille juridique ne se contente pas de remettre en question la légitimité de l’héritage de Kelly Zong Fooly. Elle vise également à bloquer sa capacité à gérer les actifs de l’entreprise, créant une situation d’incertitude majeure pour l’une des plus grandes entreprises de boissons non alcoolisées de Chine.
Malgré les déclarations publiques de Wahaha affirmant que ces disputes légales ne concernent pas directement les opérations commerciales de l’entreprise, l’impact sur la confiance des investisseurs, des partenaires commerciaux et des employés est indéniable.
Le bras de fer jette par ailleurs une lumière crue sur la personnalité complexe de Zong Qinghou, longtemps érigé selon Le Monde, en modèle d’intégrité dans le milieu entrepreneurial chinois.