L’élite dorée des banques françaises ne cesse de s’étendre
Le pays compte en 2024, 734 banquiers millionnaires, dont l’essentiel cependant exerce à l’étranger. Le phénomène de fuite des talents pourrait s’accélérer.
Le monde de la finance française s’est montré généreux l’année dernière, du moins pour ses acteurs les plus méritants. Une liste de 128 nouveaux banquiers s’est en effet vu offrir au moins un million d’euros de rémunération en 2024, d’après les chiffres compilés par le journal Les Échos.
Cela concerne des établissements tels que BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Natixis. À eux quatre, ils comptent 734 professionnels rémunérés à sept chiffres. Soit une multiplication par 2,5 du nombre de ces financiers très privilégiés depuis 2014, où l’on n’en comptait « que » 298.
Autant dire que la dynamique semble imperméable aux crises géopolitiques mondiales actuelles. Au contraire, celles-ci auront contribué à remplir les poches de ces super-banquiers. Lesquels devraient continuer à profiter du contexte mondial trouble, comme le prévoit le quotidien français.
En termes de profil, BNP Paribas mène la danse avec 439 millionnaires désormais dans ses rangs, en hausse de 63 sur les douze derniers mois. Elle est suivie par Société Générale qui en compte 191 (+44).
Londres toujours loin devant
Plus modestes, mais suivant la même tendance, Crédit Agricole et Natixis complètent ce tableau doré avec respectivement 59 (+11) et 45 (+10) professionnels franchissant ce seuil symbolique. Cela accroît à 1,3 milliard d’euros, dont plus d’un milliard uniquement pour leurs activités de financement et d’investissement, les bonus distribués par ces quatre institutions.
Reste que ces structures tricolores sont toujours à la traîne face à leurs homologues britanniques. Au cœur de la City, siège de la finance européenne, la banque Barclays compte à elle seule 762 banquiers millionnaires, bien loin du club des quatre français.
Cet écart risque, comme l’envisage Les Échos, de se creuser davantage prochainement en raison de la fin du plafonnement des bonus officialisée au Royaume-Uni depuis fin octobre 2023 afin d’améliorer la compétitivité de la City face à d’autres places financières internationales comme New York et Singapour.
La crainte des débauchages
Parallèlement, la réglementation mise en place par l’Union européenne en 2014, six ans après la crise financière de 2008, continue de limiter les rémunérations variables dans l’Hexagone, créant de fait un désavantage structurel pour les institutions françaises.
Alors que leurs homologues londoniens peuvent désormais offrir des bonus atteignant jusqu’à 10 fois le salaire fixe chez Bank of America et même 25 fois chez Goldman Sachs, les banques tricolores plafonnent en moyenne entre 1 et 1,3 fois le fixe.
Une telle disparité inquiète certains d’autant plus que la majorité des banquiers millionnaires français (534 sur 734) exercent hors des frontières nationales. Il s’agit donc d’un vivier très mobile et susceptible d’être débauchée par la concurrence internationale.