Législatives : plus de 200 désistements contre le RN
Pour faire barrage au Rassemblement National (RN) au second tour des législatives anticipées, plus de 200 élus se sont désistés au profit du candidat le mieux placé au premier tour. Mais il subsiste près de 100 triangulaires et un quadrangulaire. Et cet effort d’union ne garantit pas une victoire contre l’extrême.
Le « front républicain », comme l’appelle la majorité présidentielle et la gauche, veut renverser le Rassemblement National (RN) au second tour des législatives anticipées, prévues le 7 juillet prochain. Et tout semble se dérouler à merveille. En effet, plus de 210 élus (issus de LFI, PS, Renaissance, EELV et autres) ont décidé de se désister au profit du candidat le mieux placé lors du premier tour des législatives, le 30 juin 2024. Ils avaient jusqu’à mardi 18 heures pour clarifier leur position.
Près de 100 triangulaires enregistrées pour le second tour des législatives
Ainsi, il ne reste plus que 95 triangulaires, sur les 306 initialement possibles. On note notamment une triangulaire dans le fief d’Éric Ciotti, dans les Alpes-Maritimes. Le candidat des Républicains, rallié au Rassemblement National, a remporté le premier tour avec 41 % des voix, devant les candidats Horizons et Insoumis. Les deux derniers partis ne se sont pas attendus pour faire front commun contre le RN dans cette circonscription.
76 circonscriptions ont déjà un élu depuis le premier tour des législatives
Dans ce lot de désistement, il y a tout de même un quadrangulaire, dans la 8e circonscription du Rhône, où le Rassemblement national avance en favori. Jonathan Gery (RN) est arrivé en tête avec 33,46 % des voix, devant Anne Reymbaut du Nouveau Front Populaire (22,75 %), Nathalie Serre la députée sortante de LR (21,18 %) et Dominique Despras d’Ensemble (20,66 %). Tous croient peut-être pouvoir l’emporter avec un peu de chance, d’où cette bataille en solitaire.
Le RN représenterait un risque pour la démocratie et les libertés
Notons que 76 circonscriptions ont déjà un élu. Pour être élu au 1er tour, il fallait obtenir plus de 50 % des voix, avec au moins 25 % des électeurs inscrits. Grâce aux 210 désistements, le « front républicain » espère une victoire face aux candidats du Rassemblement National, que tout le monde craint. On pense que le parti d’extrême droite foulera au pied la démocratie et les libertés s’il prenait la tête du gouvernement au soir du 7 juillet prochain. Mais la stratégie de la Macronie et du Nouveau Front Populaire (NFP) pourrait ne pas fonctionner. Après tout, ce sont les électeurs qui décident, pas eux.
Pas facile de voter pour un autre parti, malgré les enjeux
Certains Français pourraient bouder les urnes si leur candidat n’est plus en lice le 7 juillet. Il faut dire qu’il n’est pas facile de voter pour un autre parti, même s’il y a urgence à contrer l’extrême droite. On en veut pour preuve, les comportements adoptés lors des législatives de 2022. Selon un sondage Harris Interactive de cette époque, 45% des électeurs de la NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) avaient décidé de ne pas voter en cas de duel entre le RN et la majorité présidentielle.
Les Insoumis plus enclins à voter les Macronistes par défaut, que l’inverse
De même, 48 % des électeurs d’Ensemble (la majorité présidentielle), avaient prévu de s’abstenir de tout vote en cas de duel NUPES-RN. Pour les législatives du 7 juillet, 66% des Macronistes préfèreraient la victoire d’un candidat insoumis face au RN, et 84% des insoumis souhaiteraient la victoire d’un candidat Macroniste face à l’extrême droite, selon un sondage Ipsos. Il y a donc du mieux. Et on le comprend. En 2022, le Rassemblement National n’était pas aux portes du pouvoir comme maintenant.
Dans 80% des cas, le vainqueur du 1er tour des législatives l’emporte au second
Si l’union sacrée menace une majorité (absolue ou relative) du RN, il faut toutefois souligner le fait que dans la réalité ce n’est pas garanti. Il y a l’abstention qui menace, même si au premier tour la participation a atteint les 66,7%, contre 47,5% lors des dernières élections législatives, en 2022. Et, même si la participation montait, rien ne prouve que les nouveaux électeurs soient proches du bloc républicain. Enfin, une statistique interpelle : dans 80 % des cas, la victoire s’offre au candidat arrive en tête au 1er tour. Mais cette fois nous sommes aussi dans un contexte particulier…