Telecom Italia, Vivendi seul contre tous ?

Le groupe français résiste à voir l’entreprise italienne dont il est actionnaire majoritaire, tomber dans l’escarcelle du fonds d’investissement KKR. Mais jusqu’à quand ?

On peut détenir une majorité des actions d’un groupe et ne pas avoir (vraiment) son mot à dire quant à sa destinée. Vivendi en fait actuellement l’amère expérience à Telecom Italia. Le numéro un italien des télécommunications, plus connu sous le nom de TIM, est en effet l’objet d’une guerre larvée entre le groupe de Bolloré, son principal actionnaire, et le reste du conseil d’administration. En cause, une offre de rachat censée servir de bouée de sauvetage, mais qui divise.

Le 21 novembre, le fonds d’investissement américain formulait à l’attention de TIM, une manifestation d’intérêt non- contraignante de l’ordre de 10,8 milliards d’euros afin d’acquérir la totalité de l’entreprise italienne. Soit un coût presque 50% au-dessus du cours de l’action du groupe à la ferme des marchés cette semaine-là. D’autant que la société est en mauvaise passe financière depuis plusieurs mois. Elle a ainsi perdu près de la moitié de sa valeur cette année avec une dette colossale culminant désormais à 22 milliards d’euros.

Gestion décriée

Mais cette offre aussi alléchante qu’elle puisse paraître ne fait pas les affaires de Vivendi. Car cela supposerait que le groupe français cède une entreprise dont il avait acquis la participation à plus d’un euro par action, à 50 centimes d’euros à peine le titre. Surtout que la firme de Vincent Bolloré n’est pas satisfaite de la conduite des affaires à la tête du groupe. Au même titre que la quinzaine d’administrateurs initiateurs de la réunion du conseil d’administration désormais à l’origine du départ du patron du groupe, dimanche 21 novembre.

Luigi Gubitosi a en effet cédé son siège d’administrateur délégué au terme d’une réunion de plusieurs heures, signe d’un conseil indécis sur la marche à suivre. Quoi qu’il en soit, le désormais ex-patron de l’opérateur téléphonique italien espère que son retrait favorisera les négociations dans le cadre de l’offre d’achat de KKR pour laquelle il est favorable.

D’une offre amicale à une OPA ?

On ne saurait en dire autant de Vivendi qui a d’ores et déjà fait savoir qu’il gardera ses parts au sein de l’entreprise. Quitte à risquer de voir TIM faire l’objet d’une OPA hostile ? Les dissensions lointaines au sein du groupe favorisent une telle opération. À moins qu’une union sacrée – plutôt improbable pour l’instant – des actionnaires n’émerge d’ici-là.

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