Vinci fait condamner Bloomberg dans une affaire de faux communiqué de presse
L’agence de presse américaine écope d’une amende de trois millions d’euros pour s’être fait avoir par une campagne de déstabilisation visant le géant français du bâtiment fin 2016.
Il n’y a pas de droit à l’erreur dans la couverture de l’information. Surtout lorsqu’il s’agit de Bloomberg, une agence de presse cinquantenaire dont la réputation n’est plus à démontrer. Cette dernière s’est pourtant fait avoir et cela lui vaut aujourd’hui d’être condamnée à une amende de trois millions d’euros par la Cour d’appel de Paris.
Pour comprendre les motivations de cette sanction, il faut remonter à novembre 2016. À l’époque, Bloomberg fidèle à son modèle de couverture de l’information en temps réel, à l’instar de nombre d’autres d’agences de presse de son envergure, avait diffusé un communiqué de presse faussement attribué à Vinci. Il y était notamment question du licenciement d’un responsable du groupe français des BTP sur fond de révision de ses comptes de 2015 et de 2016. L’information a très vite été rectifiée cependant – à peine dix minutes plus tard – par l’agence une fois qu’elle s’est rendue compte de la mauvaise blague.
Conséquence et mea culpa
Mais le mal était fait. De nombreux autres groupes de presse dont Reuters, DPA, Dow Jones entre autres, s’en étaient déjà fait l’écho, contribuant à amplifier la fausse information. D’où la chute de près de18% du cours de l’action de Vinci en bourse et l’annonce d’une plainte de l’entreprise contre X après un démenti des responsables, devant l’Autorité des marchés financiers (AMF).
Cette dernière infligera dans une première décision en 2019, une amende de cinq millions d’euros à Bloomberg, arguant qu’elle aurait dû savoir que le communiqué de presse en question était un faux ou à tout le moins en vérifier l’authenticité avant son traitement. D’autant que les faussaires s’étaient servis du site vinci.group contrairement à l’adresse vinci.com appartenant à Vinci.
Clémence du tribunal
Mais Bloomberg a toujours clamé s’être trompé de bonne foi, indiquant avoir été abusé par un canular très bien élaboré, selon les mots d’un responsable de l’agence cité par Reuters. Il semble que ce plaidoyer ne soit pas tombé dans les oreilles d’un sourd. Puisque la Cour d’appel vient de revoir à la baisse le montant de l’amende. Une décision motivée à en croire le tribunal, par la promptitude de l’agence à réparer son erreur après la diffusion du communiqué.
L’identité des auteurs de cette supercherie reste toujours un mystère.