Hydrogène naturel : un pari environnemental et économique !
La commission du développement durable a auditionné, le mercredi 3 janvier 2021, des acteurs de l’hydrogène décarboné pour cerner son rôle dans la transition énergétique. C’était à l’occasion d’une table ronde organisée par la Haute assemblée. Jean-François Longeot, le président de cette Commission a reconnu que « L’hydrogène vert est un pari économique, industriel et environnemental enthousiasmant mais qui soulève de nombreuses questions ». Un pari environnemental parce que cette ressource produite à partir d’électricité éolienne ou solaire ne dégage pas de gaz à effet de serre. Son intérêt économique et industriel réside dans le fait qu’elle constitue une filière rentable qui pourrait générer 2500 milliards de dollars en 2050, et devenir un levier pour la création d’emplois.
Un hydrogène natif plus propre sous nos pieds
Cependant, la production de l’hydrogène vert présente des obstacles. L’un des principaux défis est son coût, en raison de la cherté en électricité du procédé (sans émissions carbone) d’électrolyse de l’eau. Parallèlement, il y a une utilisation importante de la ressource d’eau ; ce qui n’est pas écologique. Ces inconvénients sont quasiment inexistants au niveau de l’hydrogène naturel. Cette ressource présente l’avantage d’être totalement vertueuse car abondante, renouvelable, sans émissions de CO2 et moins cher. De nombreux travaux de recherche ont permis de découvrir, ces dix dernières années, d’importants gisements de ce gaz dans plusieurs pays. Parmi eux, la Russie, l’Australie, le Canada, les Etats Unis, le Brésil et le Mali.
Une exploitation bien avancée en Afrique
Seuls les Etats Unis (au Kansas) et le Mali (dans le cercle de Kati) ont réellement commencé l’exploitation de l’hydrogène naturel, considéré comme le candidat idéal de la transition énergétique. Au Mali, Hydroma, une compagnie créée par le milliardaire Aliou Boubacar Diallo, transforme l’hydrogène naturel en électricité totalement propre. Elle distribue gratuitement cette énergie aux habitants de Bourakébougou, village près duquel la société a installé son unité pilote. Selon Aliou Diallo, le coût de production de l’hydrogène naturel est très bas par rapport à l’hydrogène vert, produit en usine. Pour preuve, il finance en fonds propres ce projet, depuis les forages jusqu’à la production.
Un pipeline pour approvisionner l’Europe
Après le test réussi de Bourakébougou, le milliardaire malien envisage de lancer une production à grande échelle. Objectif : approvisionner le marché africain et européen dans les prochaines années. Pour fournir l’Europe en hydrogène naturel, il a prévu la construction de 4.700 kilomètres de pipeline. « Ce n’est pas un rêve, c’est une réalisation tout à fait faisable. L’Europe même est en train de construire 23.000 kilomètres de pipeline pour le transport de l’hydrogène », a-t-il déclaré le 10 octobre 2020, au cours d’une interview sur la chaîne Africable Télévision. Deux semaines plutôt, il avait été reçu par les autorités allemandes chargées du programme sur l’hydrogène. Le PDG malien a été félicité pour les travaux de son groupe. « Bravo Mr Aliou Diallo parce que grâce à vos travaux nous avons pu inscrire l’hydrogène blanc dans notre programme national de l’hydrogène », avait-il confié à Africable Télévision.