Marlene Engelhorn, l’héritière qui n’en voulait pas

La riche Austro-Allemande se distingue par son engagement critique envers la fortune héritée, allant jusqu’à redistribuer la quasi-totalité de son héritage.

À l’heure où Bill Gates annonce vouloir léguer à sa fondation 99 % de sa richesse restante – soit environ 107 milliards de dollars aujourd’hui –, Marlene Engelhorn propose une vision radicalement différente de la redistribution des richesses.

Cette femme de 33 ans, descendante de Friedrich Engelhorn, le fondateur de la société chimique et pharmaceutique allemande BASF et devenue millionnaire en 2020 après le décès de sa grand-mère, a donné l’essentiel de sa fortune à travers une expérimentation sociale significative.

Contrairement à la philanthropie traditionnelle où le donateur décide seul des bénéficiaires, l’ancienne étudiante en littérature a transféré ce pouvoir à un groupe représentatif de citoyens comprenant des associations d’aide aux femmes victimes de violences ou de protection de l’environnement, entre autres.

Le pactole de 25 millions d’euros, soit 92% de son héritage, a permis aux 77 organisations bénéficiaires de toucher entre 40 000 et 1,6 million d’euros. Derrière de cette approche, le rejet du modèle philanthropique classique considérée par Engelhorn comme un moyen pour les riches de contrôler l’agenda social tout en évitant l’impôt.

« L’héritage est une injustice »

Plus que le processus la « philanthropie de façade », c’est l’accumulation même de la richesse que la native de Vienne désapprouve, n’hésitant pas à décrire l’héritage comme « une injustice », d’après des propos rapportés par le journal Le Monde.

« J’ai été intronisée à la surrichesse à la naissance. Je n’ai pas travaillé ni fait quoi que ce soit pour mériter cet argent », assure celle dont le livre  « L’Argent. Pouvoir, richesse, injustice » publié en 2024 est un réquisitoire contre la légitimité de la concentration privée de richesse.

En effet pour Marlene Engelhorn, « c’est un mensonge éhonté de dire que les pauvres sont pauvres parce qu’ils ne font aucun effort ». « Ce n’est pas la naissance, et donc la structure familiale, mais la participation de tous ses membres à la société qui devrait déterminer comment l’argent circule », pointe encore la cofondatrice de l’association Tax Me Now (Taxez-moi maintenant).

Une défiance le système des ultrariches

À travers ce mouvement fondé en 2021, Engelhorn promeut avec des millionnaires de pays germanophones partageant ses convictions, l’augmentation des impôts sur les riches afin de réduire les inégalités extrêmes.

Un énorme combat alors que les habitants des économies avancées devraient, d’après des données publiées en février par The Economist, hériter de près de 6 000 milliards de dollars, soit 10% du PIB des pays concernés, contre seulement 5% au milieu du XXe siècle.

« L’excès de richesse privée est antidémocratique », cingle la militante qui incarne une voix dissonante un monde où les ultrariches « se croient au centre de la société » alors qu’en réalité « ils sont à la marge ».

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