Le grand exode du Washington Post
Le quotidien américain connaît un départ « substantiel » du nombre d’abonnés payants depuis sa décision de mettre fin aux soutiens des candidats à la présidentielle par sa section éditoriale.
Au moins 250 000 abonnés ont annulé leur souscription au Washington Post (ou le Post) depuis le vendredi 25 octobre dernier, selon des informations de la radio publique NPR confirmées par le quotidien même, ce mardi 29. Cela représente 10% des 2,5 millions d’abonnés que compte ce titre de presse parmi les plus prestigieux du monde.
En cause, la décision du journal d’arrêter tout soutien aux candidats à la présidentielle américaine. Pour le directeur général, William Lewis, il s’agit d’un « retour aux sources consistant à ne soutenir aucun candidat ».
« Nous reconnaissons que cela sera interprété de différentes manières, notamment comme un soutien tacite à un candidat, ou comme une condamnation d’un autre, ou comme un désengagement de nos responsabilités. C’est inévitable. Nous ne le voyons pas de cette façon », a-t-il écrit dans un article de blog, mettant ainsi fin à plusieurs décennies de prises de position dans la course à la Maison Blanche.
Le quotidien de la capitale américaine avait ainsi qualifié le républicain Donald Trump de « pire président des temps modernes », appelant ainsi à voter pour son adversaire Donald Trump.
Une levée de boucliers
Les chiffres relatifs à la chute des abonnements ne prennent pas en compte d’éventuels nouveaux abonnés depuis la décision de vendredi, ni d’un éventuel retour d’anciens abonnés qui seraient depuis de retour, après avoir annulé leur souscription dans un premier temps.
Difficile par ailleurs de savoir si ces ex-abonnés numériques continuent de recevoir l’édition papier du titre. Alors que l’impact réel de la vague de départs sur l’entreprise reste à déterminer, le rédacteur en chef chargé de la supervision de la couverture de l’actualité, Matt Murray, anticipe d’ores et déjà un nombre « substantiel ».
Si ce dernier parie par la même occasion sur l’arrivée de nouveaux abonnés en perspective de la présidentielle du 5 novembre prochain, la saignée en cours n’est pas de bon augure pour les finances du journal appartenant au milliardaire Jeff Bezos.
Un contexte de morosité financière
Le Post en régression constante depuis quelques années, a vu son audience divisée par deux entre 2020 et 2023, passant de 101 à 50 millions de visiteurs uniques. Avec un nombre d’abonnés chiffré à trois millions en janvier 2003. De quoi faire perdre à l’entreprise 77 millions de dollars l’année dernière.
Pour Marcus Brauchli, ancien rédacteur en chef exécutif interrogé par NPR, la saignée actuelle est « colossale ». Le mouvement reflète une protestation de l’opinion alors que des journalistes de la maison dénoncent une décision de ne pas soutenir de candidats, imposée par Bezos dans le but de protéger ses intérêts vis-à-vis de Donald Trump.
Le milliardaire a nié tout arrangement avec le candidat républicain tout en reconnaissant n’être « pas un propriétaire idéal » pour le Washington Post en raison de ses multiples intérêts commerciaux.