Hydrogène naturel : les acteurs mondiaux sur les traces d’Aliou Diallo
Après les Etats Unis, la Chine et l’Allemagne, la France vient de présenter son plan pour l’hydrogène vert avec à l’appui 2 milliards d’euros sur les 100 milliards consacrés à la relance économique. Cet intérêt mondial récent pour l’hydrogène vert fait logiquement penser qu’un glissement vers l’hydrogène naturel n’est plus loin. Plus vertueuse encore, cette ressource énergétique est exploitée depuis près de dixans par Aliou Diallo, un entrepreneur malien.
Le jeudi 3 septembre, la France a présenté son plan de relance économique à 100 milliards d’euros avec un important volet écologique. Ce dernier consacre pas moins de 2 milliards d’euros à l’hydrogène vert pour booster la filière dans les prochaines années. Le gouvernement français souhaite apporter un financement additionnel de 7 milliards d’euros d’ici 2030 afin de faire de la France un « pays de pointe » en la matière. Avec une telle ambition, la France espère rattraper son retard sur les autres puissances économiques mondiales. A commencer par l’Allemagne, qui veut devenir numéro Un de l’hydrogène naturel, grâce à un soutien financier de sept milliards d’euros. Un investissement colossal qui servira notamment à décarbonner son industrie d’ici 2040.
Toutes les grandes puissances à la conquête de l’hydrogène
Les Etats Unis également, malgré le climato-scepticisme de Donald Trump, avance bien sur le sujet des énergies renouvelables et propres. En début d’année 2020, la première puissance économique mondiale a mis sur la table une feuille de route de l’hydrogène, baptisé « Roadmap to US hydrogen economy » (reducing emissions and driving growth across the nation). Ce document suggère des pistes pour déployer l’hydrogène dans plusieurs secteurs, dont l’industrie et la mobilité lourde.
Aussi, la Chine, connue pour être le plus grand pollueur au monde, accélère sur l’hydrogène. Elle a engagé récemment une vaste réorientation industrielle pour une mobilité urbaine durable. Le pays a déjà investi l’équivalent de plus de 10,7 milliards d’euros dans la technologie des piles à combustible et construit la plus grosse pompe à hydrogène de la planète à Shanghai (8000 m²).
Le succès remarquable d’Aliou Diallo à Bourakébougou
Si les puissances économiques mondiales décident enfin de s’intéresser à l’hydrogène naturel, un entrepreneur malien avait déjà compris, il y a plus de dix ans, l’enjeu de ce candidat parfait de la transition écologique ! En 2010, personne ne misait sur l’utilité de l’hydrogène naturel pour l’industrie, sauf Aliou Diallo. L’homme d’affaires a suivi son flair, après que de grands réservoirs de ce gaz ont été découverts en Russie et au Mali. Il a créé une Hydroma Inc., sa société d’exploitation et d’exploration chargée de réaliser des prospections, puis des forages dans le cercle de Kati (Mali). En 2012, l’entreprise identifie un premier puits, qu’elle exploite depuis avec une unité pilote.
L’électricité verte produite à partir de l’hydrogène est gratuitement distribuée à la population de Bourakébougou, un village situé près dans le cercle de Kati.
Des prospections en Australie et au Canada
Sept ans plus tard, Hydroma Inc. a réussi à identifier 25 puits positifs. Aliou Diallo a alors lancé, en juillet 2019, la seconde phase de son projet énergétique : la production à grande échelle d’électricité propre à partir de l’hydrogène naturel. Pour financer cette importante étape, l’entrepreneur a cédé ses parts (55%) dans la société minière malienne Wassoul’Or et s’est mis en quête de partenariats en Europe.
Après une pause due à la pandémie du coronavirus, les chantiers ont repris au Mali. Aliou Diallo a alors lancé des prospections en Australie et au Canada, où Hydroma Inc. a son siège. Des études scientifiques ayant suggéré l’existence de grandes réserves d’hydrogène naturel dans ces pays. Par ailleurs, Hydroma Inc. s’est invité dans l’hydrogène solaire avec la construction en cours de champs de panneaux photovoltaïques au Mali et au Sénégal.