Coronavirus : le retour de l’ISF continue de diviser
La crise économique due à la pandémie du coronavirus relance le débat – qui n’avait pas vraiment cessé – sur le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF). Les partisans de cet impôt y voient un moyen de renflouer les caisses de l’État. Ses détracteurs estiment qu’il est improductif et qu’il rapporte peu.
Avec la crise économique qui se profile à l’horizon à cause de la pandémie du coronavirus, le débat sur le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF) reprend vigueur. Ce prélèvement, appliqué aux ménages disposant d’un patrimoine net supérieur à 1,3 million d’euros, a été supprimé par le gouvernement Philippe en 2018 et remplacé partiellement par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI). En janvier 2019, Richard Ferrand a assuré qu’il n’existait « pas de tabou » sur l’ISF tout en fermant l’éventualité de son éventuel retour. Aujourd’hui, il nuance face à une gauche qui réclame son rétablissement.
« Ce n’est pas en rendant la France moins attractive qu’on va redresser le pays »
En effet, le président de l’Assemblée Nationale s’y oppose encore, mais défend cette fois l’idée d’une contribution des plus aisés pour la « solidarité » dans un entretien à « L’Express » mis en ligne ce mardi. « On a parfois l’impression que l’ISF serait le remède au Covid ! » ironise Richard Ferrand, fustigeant un « mauvais débat » et un « contresens absolu ». Selon lui, « Ce n’est pas en rendant la France moins attractive qu’on va redresser le pays ». Néanmoins, face au débat sur les inégalités qui ont surgi de la crise du Covid-19, le président de l’Assemblée Nationale n’exclut pas, « ponctuellement et parce que la solidarité l’exigerait », une contribution des plus aisés.
Au PS on appelle les riches à prendre leur part
Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, considère que Richard Ferrand est à « géométrie variable sur ce sujet ». Une façon de dire que la majorité, en pleine tourmente, joue à l’équilibriste pour ne pas se casser le cou. « Je le prends au mot mais que propose-t-il concrètement ? » s’interroge l’ancien ministre des Sports. Patrick Kanner souhaite que les riches contribuent davantage à l’effort national. « Comment expliquer que les 20% de Français les plus aisés, dont je fais partie, ne payerons plus de taxe d’habitation en 2021 ? » questionne le sénateur. Chacun doit « prendre sa part », ajoute-t-il.
« On sait que l’ISF est un impôt improductif qui rapporte peu à l’État »
À droite, le retour de l’ISF passe mal. Le sénateur LR Philippe Dominati parle d’un « reniement supplémentaire » du gouvernement, « d’une promesse non tenue » de ne pas augmenter les impôts. A ses yeux, « Macron, c’est la continuité de Hollande ». Puis de s’insurger : « On sait que l’ISF est un impôt improductif qui rapporte peu à l’État et pourtant on veut recommencer ! On ressort les vieilles ficelles qui ont pénalisé l’économie française pendant des années ».
En 2017, dernière année de son existence, l’ISF a rapporté 4,2 milliards d’euros à l’État. Soit un montant dérisoire face à la dette publique, qui s’élevait déjà à 98,8% du PIB (environ 2385 milliards d’euros en 2019) et devrait être supérieure à 115% du PIB.