Des prêts garantis par les crypto chez JPMorgan ?
La banque américaine envisagerait d’accepter des cryptomonnaies comme garantie pour des prêts accordés à ses clients. Un signe supplémentaire de l’évolution de la perception des monnaies numériques aux États-Unis.
Selon le Financial Times (FT), JPMorgan Chase explore la possibilité d’accepter des cryptomonnaies en garantie de prêts à ses clients dès l’année prochaine. Bien que les plans puissent encore évoluer, un tel projet représenterait une première pour cette banque, connue pour son scepticisme envers l’industrie des monnaies virtuelles.
Bien qu’elle soit devenue en 2019 la première grande banque américaine à lancer sa propre cryptomonnaie, le JPM Coin, JPMorgan n’avait jamais franchi ce cap, se contentant de planifier des prêts adossés à des fonds négociés en bourse (ETF) liés aux cryptomonnaies, une approche plus conventionnelle et moins risquée.
Son patron, Jamie Dimon, est d’ailleurs connu pour être l’un des plus grands détracteurs de cet univers. En septembre 2017, lors d’une conférence Barclays, il avait ainsi déclaré que le bitcoin était « une fraude » pire que la « tulipomanie » hollandaise, promettant de « virer sur-le-champ » tout trader qui s’y intéresserait.
Une révolution en marche
Des propos qu’il a réitérés huit ans plus en 2024, déclarant : « J’ai toujours dit que c’était une fraude… un schéma de Ponzi ». L’information du Financial Times, si elle était confirmée, représenterait donc un tournant majeur pour la première banque américaine, à un moment où l’industrie des cryptomonnaies connaît une transformation, notamment aux États-Unis.
Donald Trump a en effet signé le 18 juillet dernier, le GENIUS Act, une législation prévue pour réguler les stablecoins, c’est-à-dire les cryptomonnaies « stables » adossées à des actifs traditionnels comme le dollar américain (c’est le cas du JPM Coin).
Cette première loi américaine votée avec une large adhésion bipartisane marque un signal fort pour les vieux sceptiques des cryptomonnaies, à l’instar de Dimon. Lequel adopte d’ailleurs un ton nettement plus conciliant aujourd’hui en déclarant en mai : « Je ne pense pas que vous devriez fumer, mais je défends votre droit de fumer. Je défends votre droit d’acheter du bitcoin. Allez-y ! »
Les risques d’une nouvelle bulle spéculative
Le principal obstacle technique pour JPMorgan est de savoir comment récupérer et liquider les cryptomonnaies en cas de défaut de paiement du client. La banque, qui ne détient pas de cryptomonnaies dans son bilan, devra probablement s’associer à des tiers spécialisés, d’après le FT.
La banque rejoindrait ainsi un mouvement plus large, alors que Morgan Stanley envisage d’offrir du trading de cryptomonnaies via sa plateforme ETrade, au même titre que d’autres établissements.
« Nous examinons à la fois le paysage, les usages et les usages potentiels pour notre propre clientèle », a déclaré la directrice financière de Morgan Stanley, Sharon Yeshaya, il y a quelques semaines, dans des propos rapportés par Reuters, au sujet du développement d’une stablecoin.