La guerre commerciale, une menace pour les géants bancaires américains

L’offensive douanière initiée par les États-Unis sous Donald Trump constitue un défi majeur pour la solidité du système bancaire américain à l’international.

C’est presque un réflexe inné depuis la crise financière de 2008. Tous les regards se tournent aujourd’hui systématiquement vers les États-Unis lorsqu’il s’agit d’évoquer les plus grandes banques du monde.

De Goldman Sachs à JPMorgan en passant par Morgan Stanley, Bank of America ou encore Citigroup, le pays de l’Oncle Sam compte de nombreuses structures qui, à travers leurs ressources et leur savoir-faire en matière de services financiers, brillent à l’étranger.

Cela comprend des conseils en fusion et acquisition, des services de financement en capital et en dette, le financement structuré, les souscriptions d’actions et d’obligations, entre autres. Autant de domaines d’expertise qui rapportent gros.

Les États-Unis ont ainsi enregistré un excédent commercial de 130 milliards de dollars dans le domaine des services financiers en 2024, d’après les données du Wall Street Journal (WSJ). Un contraste saisissant avec le secteur des biens manufacturés marqué par la primauté des importations sur les exportations.

Une suprématie mise à l’épreuve

Un autre indicateur de la suprématie des banques américaines provient de la plateforme internationale de marchés financiers Dealogic, dont le classement 2024 plaçait ces dernières aux cinq premières places pour les revenus bancaires d’investissement dans le monde.

Mais des doutes surgissent désormais quant à la pérennité de cette avance des superbanques américaines, notamment en raison de la guerre tarifaire déclenchée par le président américain Donald Trump, et ses corollaires.

D’ailleurs, les banques en question font d’ores et déjà état d’un ralentissement de l’activité des fusions-acquisitions, leurs clients restant dans l’expectative face aux incertitudes de cette politique commerciale quasiment sans lisibilité, ainsi que l’a reconnu Jamie Dimon, PDG de JPMorgan Chase.

« Nous serons dans la ligne de mire, c’est ce qui va se passer. Certains clients ou certains pays auront une perception différente des banques américaines, et nous devrons composer avec cela« , a déclaré le dirigeant, un des opposants notables à cette offensive douanière de Trump, lors de la présentation des résultats du premier trimestre de son groupe, d’après le WSJ.

Un avenir incertain dans un monde fragmenté

Jane Fraser, PDG de Citigroup, a affirmé la semaine dernière, de son côté selon des propos rapportés par le Wall Street Journal, que son groupe n’avait pas observé de transferts d’activités ces dernières semaines. C’est dire que l’avantage concurrentiel des banques américaines ne risque pas de s’éroder du jour au lendemain.

Toutefois, plus un conflit commercial perdure, plus la menace pour les banques américaines risque de s’intensifier. « Il pourrait y avoir un effet dissuasif, de la même manière que les Canadiens reconsidèrent s’ils veulent prendre des vacances aux États-Unis », indique Brad Setser, chercheur principal au Council on Foreign Relations, dans une métaphore assez évocatrice.

L’émergence de nouveaux acteurs bancaires dans d’autres régions du monde représenterait également un défi supplémentaire pour les géants américains.

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